Depuis de nombreux mois, riverains et associations s’opposent au projet de mégaprison de Bruxelles à Haren. Plusieurs habitants de Haren et Inter-Environnement Bruxelles avaient introduit des recours contre le permis d’environnement octroyé à Cafasso, le consortium choisi pour construire et exploiter la plus grosse prison de Belgique.
Dans sa décision (en téléchargement ci-dessous), le Collège de l’environnement donne droit à plusieurs arguments avancés par les requérants :
• La loi oblige d’étudier des sites alternatifs en comparant leurs incidences variables sur l’environnement. Cafasso ne l’a pas fait se concentrant uniquement sur le site de Haren, se retranchant derrière un choix politique qui n’a par ailleurs jamais été expliqué valablement ; et avançant des motifs économiques en dehors des considérations environnementales ;
• S’en suivent des conséquences sérieuses qu’épingle le Collège, notamment :
• En matière de mobilité, l’étude d’incidences est indigente, présupposant l’impossibilité d’installer une prison ailleurs qu’à Haren, supposant que les choix de rénovations de Saint-Gilles et Forest sont impossibles, négligeant le problème posé par l’éloignement de Haren du palais de justice et faisant fi de l’encombrement déjà observé à Haren et sur la E40.
• L’étude d’incidences n’examine pas les effets cumulatifs en terme environnemental et de mobilité de plusieurs autres projets dans la même zone dont Uplace, Decathlon et l’OTAN.
• L’étude repose sur l’hypothèse excessivement positive de voir un nouveau métro, un nouveau tram, des lignes de bus et un nouveau service RER actifs autour de la prison en 2020,
• La qualité de l’air qui ne peut qu’être dégradée par une éventuelle prison n’a pas été pris en considération,
• L’étude n’a nullement examiné les effets du détournement de la source du Keelbeek demandé par Cafasso.
Et le Collège de conclure que toute autorité délivrante d’un permis doit s’assurer que le projet constitue la meilleure solution envisageable eu égard aux incidences sur l’environnement, ce qui n’est pas le cas en l’espèce, le choix résultant de négociations politiques dont les résultats ne sont pas joints au dossier.
Les requérants et leurs nombreux soutiens sont déterminés à poursuivre la procédure jusqu’à son terme. D’autres recours sur des éléments du dossier sont d’ailleurs pendants. Rappelons que la Ville de Bruxelles a aussi jugé ce projet nocif en refusant de déplacer le sentier du Keelbeek.
Ce nouveau rebondissement dans la saga du train fou de la mégaprison fragilise sérieusement l’ensemble du projet et confirme ce qu’ont toujours répétés Harenois et associations : le projet est trop grand, trop cher, trop loin, dévastateur, et mal ficelé. Il ne doit pas être réalisé.
Alors que le mégaprojet s’embourbe aux niveaux communal et régional, les questions parlementaires posées à la Chambre font apparaître que ce projet repose sur un vide juridique préoccupant. L’Etat s’est en effet engagé dans un projet qui le lierait pour 25 ans et qui coûterait plus de 3 milliards d’euros, alors qu’aucun contrat ne semble avoir été signé et qu’aucune pièce du dossier n’est transmise aux députés par les ministres.
Il est grand temps que le gouvernement fédéral mette un terme à un projet aussi décrié et ne démontrant jusqu’à aujourd’hui que ces multiples effets néfastes et il est urgent de s’atteler aux vraies solutions
Télécharger la décision du Collège de l’environnement - 11/12/2015 :